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L'ETAIN ARMORICAIN
Par Yves LULZAC, ancien géologue minier du BRGM
Article paru dans Mines & Carrières
N° 196 - octobre - 2012 (Hors série)
avec l'aimable autorisation de l'auteur
PROVINCE SUD ARMORICAINE
DISTRICT DE QUESTEMBERT
Ce district couvre l’étroit massif granitique de Grandchamp-Allaire dans le Morbihan, allongé selon une direction ONO-ESE sur une extension d’environ 50 km ;
On le divisera en deux secteurs de superficie équivalente :
1. Le secteur de Limerzel
Il concerne la moitié orientale du massif granitique et doit son originalité à ses nombreuses minéralisations stannifères primaires de nature plus variée que celles du district voisin de Lizio.
Les filons quartzeux, plus rares et moins puissants, sont ici largement dominés par des veinules ou lentilles tourmalinifères localement très riches en cassitérite, ainsi que par des filons aplitiques et pegmatitiques potassiques parfois de grande taille mais moins minéralisés. Les formations quartzeuses stannifères admettent ici une paragénèse sulfurée localement cuprifère (traces de stannite).
Mis à part les filons ou lentilles d’aplite ou de pegmatite qui peuvent encore apparaître en relief sur la surface topographique actuelle, les autres formations minéralisées ne sont visibles qu’à la faveur d’affleurements artificiels. Aussi n’est-il pas surprenant que les anciens prospecteurs d’étain ne les aient pas remarquées ni exploitées.
Par contre, il n’en est pas de même pour ce qui concerne les alluvions qui en dérivent puisque deux sites d’exploitation ancienne et de traitement de minerai ont été mis en évidence en 1970 au moyen de sondages profond.
Le premier se situe dans le vallon du Temple, près du village de la Vieille Ville sur la commune de Limerzel. Ici, la partie amont du vallon est recouverte, sur une extension longitudinale d’environ 150 mètres et sur une largeur d’une vingtaine de mètres, par une couche de tourbe d’un mètre d‘épaisseur. Sous ce couvert végétal repose un niveau de gravillon peu argileux, plus ou moins mélangé de terre et de charbon de bois en proportion assez importante. La concentration à la batée d’un échantillon issu de ce contexte particulier a également fourni, outre de la cassitérite non exploitée, de nombreux fragments de scories ainsi que des globules d’étain métallique plus ou moins recouverts d’une patine d’altération blanche ou jaune.
Une datation radiocarbone réalisée sur le charbon de bois a révélé un âge moyen 1090 AD (950-1290 AD), soit compris entre la fin du haut Moyen Age et la moitié du Moyen Age central (analyse GIF 1679 du 9 juillet 1970).
Le second site, localisé sur la bordure du vallon de Kerdoret, à 900 mètres au nord-est du premier, a révélé, sous une couverture argileuse de plus d’un mètre d’épaisseur, un niveau de graviers et d’arène granitique contenant des scories de couleur brunâtre associées à de minuscules globules d’étain métallique. On imagine que l’exploitation a surtout concerné la partie axiale du vallon mais, contrairement au cas précédant, aucune trace sur la surface topographique actuelle ne permet d’en deviner l’existence ni d’en évaluer l’ampleur.
Le manque de charbon de bois n’a pas permis de réaliser la datation de ce site.
Comme toujours, il est très difficile de se faire une opinion sur la quantité de cassitérite extraite par les Anciens dans cette région de Limerzel. Si l’on admet que le vallon du Temple a pu fournir 500 kg de minerai et si l’on reporte ce bilan sur le réseau hydrographique actuel de même type, c’est-à-dire sur une vingtaine de vallons secs ou peu arrosés dont la longueur cumulée serait de l’ordre de 4 km, la production de minerai aurait pu approcher les 10 tonnes, soit environ 7 tonnes d’étain métallique.
Dans l’état actuel des connaissances, le potentiel stannifère encore présent dans les alluvions atteindrait les 1 000 tonnes mais avec des teneurs largement inférieures à 500 g/m³. Cependant, le bassin de la rivière Trévelot en Limerzel serait susceptible à lui seul de fournir un potentiel de 750 tonnes de cassitérite à teneur économique (Y. Lulzac, 1970).
Il convient également de signaler sur la butte de Quily, en amont du vallon de Trévelot et à une altitude de 91 mètres, un placage de sables marins pliocènes épais de 3 à 4 mètres, dont la base présente une accumulation de cassitérite pouvant atteindre localement 1 kg/m³. Ce niveau enrichi ne semble pas avoir été découvert par les Anciens.
En aval, non loin du village du Temple, la cassitérite que l’on découvre dans un autre niveau pliocène épais de 1,5 à 3 mètres, reste par contre dispersée dans la masse du sable en proportion voisine de 200 g/m³. Le potentiel de ce gîte marin a été évalué à une dizaine de tonnes de cassitérite.
2. Le secteur de Grandchamp-Questembert
Il concerne la moitié occidentale du massif granitique en débordant largement ses limites méridionales sur un domaine de granites feuilletés, de micaschistes et de quartzites.
Ici, les gîtes primaires stannifères, moins nombreux que dans le secteur précédent, se cantonnent dans le type filonien quartzeux de faible puissance, ou bien aplitique dans une moindre mesure.
Le plus important de ces gîtes se trouve à 2 km au sud-ouest du bourg de Questembert, près du village de Bobertho. Déjà connu avant la mise en place du B.R.G.M. en Bretagne, ce gîte s’annonce en surface par une nappe d’éboulis de quartz et de cassitérite noire en fragments centimétriques ou plus, qui s’étale sur une superficie d’au moins 5 hectares.
Cette abondance apparente de cassitérite semble ne pas avoir échappé aux anciens prospecteurs car une petite excavation y était encore visible en 1972.
Etudié par tranchées et sondages profonds, ce gîte se présente sous la forme d’un faisceau de filons aplitiques accompagné sur son parcours par quelques filons ou lentilles quartzeuses parallèle entre eux sur un front d’une cinquantaine de mètres. Malheureusement, ils ne se sont pas révélés aussi stannifères que les éboulis de surface le laissaient espérer. C’est probablement ce qui a incité les Anciens à limiter l’emprise de leurs travaux à seulement quelques centaines de m².
Plus vers l’ouest, au-delà de la limite méridionale du massif granitique, quelques éboulis quartzeux minéralisés en cassitérite ont été découverts sur les communes de la Vraie Croix, de Tréffléan et de Saint-Nolff. Il s’agit d’indices très ponctuels dont l’enracinement n’a jamais été localisé d’une manière précise.
De nombreux sondages profonds ont été effectués dans l’horizon alluvial de la plupart des vallons situés au sud de la ligne de crête Tréffléan-Questembert. Ils ont confirmé l’omniprésence de la cassitérite mais dans des proportions telles que toute découverte d’anciens travaux d’exploitation semble très improbable dans la plupart des cas. A l’exception peut-être du vallon de Kervily dans sa partie amont, non loin du bourg de la Vraie Croix, où un sondage profond exécuté en 1970 a livré quelques scories dont la nature exacte reste douteuse. En effet, une activité liée à l’extraction et au traitement du minerai de fer semble avoir existé dans cette région, plus particulièrement au lieu-dit " la Ferrière " sur la commune de Tréffléan.
Actuellement, le potentiel représenté par ces vallons minéralisés à faible teneur, dont la longueur cumulée peut être estimée à une douzaine de km, serait de l’ordre de 370 tonnes de cassitérite.
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