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L'ETAIN ARMORICAIN
Par Yves LULZAC, ancien géologue minier du BRGM
Article paru dans Mines & Carrières
N° 196 - octobre - 2012 (Hors série)
avec l'aimable autorisation de l'auteur
PROVINCE SUD ARMORICAINE
PLOUAY-PONTIVY-QUIMPERLE
Ce vaste district chevauche les grandes aires granitiques des massifs de Plouray, de Scaër et de Pontivy, ainsi que le domaine des gneiss et granites feuilletés de la région de Quimperlé.
Le réseau hydrographique qui les draine se distingue des précédents par le nombre relativement élevé de concentrations stannifères de haut niveau dont la répartition semble indépendante des variations lithologiques traversées.
On distinguera ici quatre zones principales :
1. La zone de Langonnet-Le Faouët
Elle comprend le riche dépôt alluvionnaire de " l’alvéole de Pontigou " sur la commune de Langonnet (Morbihan), dont l’exploitation en 1975 par la Compagnie Minière de Saint-Renan (CO.MI.REN.) a fourni 370 tonnes de cassitérite (J.P. Gautsch et al., 1962).
Ce gisement occupait, sur le versant oriental du ruisseau de Langonnet, une vaste plaine alluviale qui fut interprétée comme un témoin de l’ancienne pénéplaine éocène. Cependant, la majeure partie de la cassitérite y présente toutes les caractéristiques d’un façonnage marin, probablement d’âge pliocène, ainsi qu’une décoloration très particulière et encore énigmatique.
En surface, les terrains étaient en grande partie recouverts de tourbe ou de marécages et semblaient vierges de tous travaux antiques. Pourtant, quelques vestiges d’exploitation minière ont été découverts au cours de ces travaux modernes. Ils consistaient en de petites fosses remplies d’argile ou de sable bien lavé, situées en bordure de la zone minéralisée principale, non loin du village de Saint-Germain, sur des terrains non inondables.
Aucune trace de traitement sur place du minerai n’a été mise en évidence et l’on pense que la quantité de cassitérite extraite de ce site n’a pas dépassé la tonne.
Les gîtes primaires à l’origine des concentrations alluvionnaires sont ici dispersés dans le granite de Plouray sous forme de veinules micacées, de filon quartzeux puissants d’une vingtaine de centimètres au maximum ainsi que de poches de granite greisenisé parfois extrêmement riche en gros cristaux de cassitérite.
Que ce soit dans le greisen ou dans les filons, ce minéral a toujours présenté une couleur classique brune à brun clair très différente des tons blanchâtres, jaune ou rouge acajou constatés d’une manière générale dans le dépôt alluvial.
La plupart de ces gîtes, invisibles sur la surface topographique, étaient cachés sous leurs propres alluvions ou sous une couche épaisse de tourbe. Ils avaient donc complètement échappé aux anciens prospecteurs d’étain.
Au sud de cette région, en aval du ruisseau de Langonnet, peu avant sa confluence avec la rivière Ellée et non loin du village de Kerbic (commune du Faouët), des terrains alluvionnaires remaniés ont été découverts en lisière du fond de vallon sur une largeur d’une dizaine de mètres mais sur une extension longitudinale inconnue. Il pourrait s’agir d’une trace d’exploitation ancienne très localisée mais qui demanderait à être confirmée par d’autres sondages profonds.
Encore plus au sud, sur la commune de Priziac (Morbihan), une prospection alluvionnaire à maille serrée, contrôlée par quelques puits creusés au moyen d’une pelle mécanique, a permis de reconnaître, sans ambiguïté possible, d’autres traces d’exploitations probablement très anciennes.
Elles concernent deux fonds de vallon d’accès facile. L’un au nord du village de Saint-Hernec où de nombreux fragments de scories, dont certaines renfermaient encore des grains de cassitérite incomplètement réduits, ont été découverts sous la terre végétale dans une couche alluviale remaniée. L’autre, au nord du village de Crémenec, où des scories identiques étaient associées à des globules d’étain métallique.
Ces travaux anciens ne se manifestent absolument pas sur la surface topographique actuelle et il est impossible, sans sondages profonds, de les mettre en évidence ni d’en évaluer l’importance réelle.
Il ne semble pas que tous les fonds de vallons de cette zone aient fait l’objet d’une exploitation ancienne systématique car certains, également explorés au moyen de sondages profonds, n’ont fourni aucun témoignage pouvant le confirmer.
Si l’on admet que le niveau actuel des concentrations stannifères en " lit vif " puisse préjuger de la valeur de l’horizon alluvionnaire sous-jacent, la longueur cumulée des vallons susceptibles de montrer des traces d’exploitations anciennes approcherait les 2 km pour un volume d’alluvions traitées de 10 000 m³. D’où un potentiel possible de 5 tonnes de cassitérite en admettant une teneur récupérée moyenne de 500 g/m³.
L’on sait qu’un dépôt de haches à douille fut découvert au village de Keranval non loin du Faouët. Cependant, cette trouvaille ne peut préjuger d’une exploitation de cassitérite à proximité, beaucoup de ces objets en bronze ayant été découverts sur nombre de sites totalement dépourvus de ce minerai.
A signaler également un curieux toponyme en « Guernabrest » situé à 7 km au sud-est du Faouët et non loin duquel une pièce de monnaie ducale en argent fut découverte en 1950. Le mot " brest " qui compose ce toponyme est en effet connu pour désigner le métal " laiton ou bronze " en dialecte cornouaillais (R. Morton Nance, 1955).
2. La zone de Scaër
Elle couvre le petit massif granitique de Scaër et se distingue de la zone précédente par la médiocrité de ses indices de surface et le probable manque d’intérêt des niveaux alluvionnaires sous-jacents.
Les minéralisations stannifères observées ici trouvent leur origine dans de gros amas plus ou moins lenticulaires d’aplite potassique contenant de la topaze ainsi que de la cassitérite disséminée sous forme de très petits cristaux quasi invisibles à l’œil nu mais dont la proportion peut atteindre localement les 300 g/t (Y. Lulzac, 1964).
Ces gîtes peu spectaculaires ne sont visibles qu’à la faveur d’affleurements artificiels, excluant toute probabilité de découverte et d’exploitation par les anciens prospecteurs d’étain.
3. La zone de Cléguerec-Quistinic
Cette zone concerne la moitié orientale du massif granitique de Pontivy où des indices alluvionnaires se groupent selon deux sites opposés.
Le premier déborde largement la limite septentrionale du granite et présente des indices assez dispersés et de niveau médiocre. Excepté dans l’extrême amont du ruisseau de Cléguerec où une prospection alluvionnaire à maille serrée a mis en relief un enrichissement supérieur à 1 kg/m³ mais de très faible extension longitudinale. Cette anomalie paraissant due à un phénomène de piégeage local des minéraux lourds, constaté ailleurs dans certains " lits vifs ", aucun sondage profond n’y a été exécuté et l’on ne peut préjuger de la valeur réelle du niveau alluvionnaire sous-jacent.
Le second comprend des indices regroupés à l’intérieur du massif granitique, non loin de sa bordure méridionale. Plus précisément à proximité du village de Hoariva sur la commune de Quistinic, où une forte concentration ponctuelle de cassitérite, voisine de 1 kg/m³, a été détectée dans la section la plus étroite du court vallon de Kermadec. Vers l’amont. ce vallon s’élargit notablement pour former une plaine alluviale d’une superficie d’environ 2 hectares dont l’accès est rendu difficile par la présence de tourbe et de marécages.
Cette curieuse configuration du terrain laisserait supposer la présence d’une ancienne excavation à vocation minière probable. Hypothèse qui demanderait à être vérifiée au moyen de sondages profond.
A proximité, quelques petits filons de quartz minéralisés en cassitérite ont été repérés uniquement à la faveur d’affleurements artificiels car les nappes d’éboulis sont ici très rares (Y. Lulzac, 1964).
4. La zone de Quimperlé
Cette zone riche en indices alluvionnaires prolonge vers le sud la zone de Langonnet-Le Faouët dont elle se distingue par la plus grande variété des terrains traversés, comprenant notamment des granites feuilletés, des gneiss et des micaschistes.
La présence de cassitérite dans le réseau hydrographique est ici quasi générale bien que les concentrations en " lit vif " soient d’un niveau moins élevé que dans les zones précédentes.
Aucune recherche détaillée n’y a été effectuée et l’on ne sait s’il existe des enrichissements alluvionnaires profonds qui auraient pu être travaillés par les Anciens.
De mêle, l’on s’interroge sur la provenance de cette cassitérite dont le degré d’émoussé laisserait cependant supposer une origine marine pliocène, ayant servi de relais entre les gîtes primaires de la zone nord et les alluvions actuelles de la zone sud.
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